Cystite emphysémateuse : diagnostiquée seulement si elle est suspectée | BMJ Case Reports

Description

La cystite emphysémateuse (CE) est rare et présente un spectre clinique varié allant du diagnostic fortuit à la septicémie fulminante1. Un diagnostic rapide, un drainage vésical et une antibiothérapie à large spectre constituent l’essentiel de la prise en charge pour prévenir l’urosepsie et la mortalité.2 Un homme de 68 ans, diabétique et hypertendu, s’est présenté aux urgences avec des antécédents de vomissements, de vertiges, de fièvre et de fréquence urinaire depuis un jour. Il a indiqué avoir subi une urétroplastie 10 ans auparavant. Il avait un pouls de 92/min, une tension artérielle de 100/70 mm Hg, une tachypnée (24/min) et de la fièvre (39°C). Il présentait une leucocytose (WBC-2,8 x 109/L), une glycémie aléatoire élevée (480 mg/dL), une albuminurie et une glycosurie. On a commencé à lui administrer une injection intraveineuse de 500 mg d’imipenem trois fois par jour et de l’insuline à débit variable. Il a subi une radiographie du bassin (figure 1) et un scanner de l’abdomen (figure 2) le premier jour. Il a nécessité un soutien ionotrope pour la gestion de la septicémie. L’avis d’un urologue n’a été demandé qu’après le rapport final du CE. A l’examen, il présentait une plénitude sus-pubienne. Le cathétérisme périurétral présentait une résistance à la sonde de Foley de 14 Fr au niveau du site anastomotique précédent, d’où le cathétérisme suprapubien (CSP). Environ 500 ml d’urine purulente accompagnée de gaz ont été drainés après la mise en place de la CPS. La culture d’urine a révélé la présence d’Escherichia coli. Son état clinique s’est amélioré sous antibiotiques intraveineux et drainage de la vessie. Il a été débarrassé de l’aide ionotrope et est sorti de l’hôpital sous CPS. Il a été planifié pour une gestion définitive de la sténose urétrale à une date ultérieure.

Figure 1

(A,B) Radiographie de plaine du bassin révélant une radiolucence circonférentielle dans le contour de la vessie (têtes de flèches noires).

Figure 2

(A,B,C) Vues coronale, sagittale et axiale d’une tomodensitométrie simple de l’abdomen démontrant la présence d’air dans la lumière et également à l’intérieur de la paroi de la vessie (flèches blanches pleines).

La CE est diagnostiquée par l’imagerie, mais elle est généralement sous-diagnostiquée et sous-déclarée1. Près de la moitié des cas recensés dans la littérature n’ont été signalés qu’au cours de la dernière décennie.1E. coli est le coupable le plus courant, mais divers organismes bactériens et fongiques ont été impliqués dans la pathogenèse.1 Les patients atteints de cystopathie diabétique, de vessie neurogène et de stase urinaire secondaire à une sténose urétrale ou à une obstruction de la sortie de la vessie sont plus sensibles. L’altération de la réponse de l’hôte et le processus de fermentation conduisant à la production de gaz dans la vessie sont les facteurs les plus courants de la pathogenèse.1 En cas de suspicion clinique, environ 80 % des cas peuvent être diagnostiqués sur la base d’une radiographie simple.1 Les résultats de l’échographie peuvent révéler un épaississement anormal de la paroi de la vessie et ont une faible sensibilité, ils peuvent donc être utilisés pour le suivi des patients en convalescence.3 La tomodensitométrie est l’étalon-or du diagnostic de cette affection, soulignant le faible seuil de prescription de l’examen pour une prise en charge précoce et réussie.3 Schicho et al ont passé en revue la plus grande série de cas de CE et ont conclu que, malgré le faible taux de mortalité du CE, un haut degré de suspicion doit être maintenu pour faciliter une prise en charge réussie et conservatrice.4 Une intervention tardive peut entraîner une pyélonéphrite emphysémateuse, un choc septique, une rupture de la vessie et la mort.1 5 Les patients qui ne répondent pas à la prise en charge médicale et ceux qui présentent des infections nécrosantes peuvent nécessiter un débridement chirurgical.1 Un drainage immédiat de la vessie accompagné d’antibiotiques à large spectre doit être entrepris sans délai chez les patients à haut risque afin d’éviter la morbidité et la mortalité. Nous rapportons ce cas pour souligner l’importance des résultats radiologiques et la sensibilisation des urgentistes pour un diagnostic et une orientation rapides.

Points d’apprentissage

  • La tomodensitométrie est l’étalon-or pour diagnostiquer un cas de cystite emphysémateuse mais les résultats radiologiques ne doivent pas être négligés.

  • Un diagnostic rapide avec un drainage précoce de la vessie et des antibiotiques à large spectre est obligatoire pour éviter la morbidité et la mortalité.

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