Civilisation occidentale

Points clés

  • Le Cardinal Jules Mazarin était un cardinal italien, diplomate et homme politique italien qui a été le principal ministre du roi de France de 1642 à sa mort en 1661. Il a essentiellement fonctionné comme le codirigeant de la France aux côtés de la reine pendant la régence d’Anne, et jusqu’à sa mort a effectivement dirigé la politique française aux côtés du monarque, Louis XIV.
  • Mazarin a poursuivi la politique anti-Habsbourg de Richelieu et a jeté les bases des politiques expansionnistes de Louis XIV. Il joue un rôle essentiel dans les négociations de la paix de Westphalie, qui fait de la France l’État le plus puissant d’Europe continentale.
  • Pour ce qui est du protestantisme à l’intérieur du pays, Mazarin mène une politique de promesses et de délais calculés pour désamorcer les insurrections armées et maintenir les huguenots désarmés. Cependant, les huguenots n’obtinrent jamais aucune protection.
  • Alors que la Couronne devait se remettre de ses dépenses dans les dernières guerres, l’augmentation des impôts contribua à l’agitation sociale déjà croissante. La tentative de restreindre les libertés existantes a donné lieu à une série de guerres civiles connues sous le nom de Fronde.
  • Bien que Mazarin et le roi aient été confrontés à l’opposition combinée des princes, de la noblesse, des tribunaux (parlements) et de la plupart des Français, ils ont fini par l’emporter. La Fronde était divisée en deux campagnes, celle des parlements et celle des nobles, et son effondrement n’a fait que renforcer la monarchie absolue.
  • Mazarin, en tant que dirigeant de fait de la France, a joué un rôle crucial en établissant les principes westphaliens qui allaient guider la politique étrangère des États européens et l’ordre mondial dominant.

Termes

Édit de Nantes

Édit signé probablement en 1598 par le roi Henri IV de France qui accordait aux protestants calvinistes de France (également appelés huguenots) des droits substantiels dans la nation, qui était, à l’époque, encore considérée comme essentiellement catholique. Elle séparait l’unité civile de l’unité religieuse, traitait pour la première fois certains protestants comme plus que de simples schismatiques et hérétiques, et ouvrait la voie à la laïcité et à la tolérance. En offrant une liberté de conscience générale aux individus, l’édit offrait de nombreuses concessions spécifiques aux protestants.

Jansénisme

Mouvement théologique catholique, principalement en France, qui mettait l’accent sur le péché originel, la dépravation humaine, la nécessité de la grâce divine et la prédestination. Le mouvement trouve son origine dans les travaux publiés à titre posthume du théologien néerlandais Cornelius Jansen, mort en 1638. Il fut combattu par de nombreux membres de la hiérarchie catholique, notamment les Jésuites.

Guerre de Trente Ans

Série de guerres en Europe centrale
entre 1618 et 1648. Initialement une guerre entre divers États protestants et
catholiques du Saint-Empire romain germanique fragmenté, elle s’est progressivement transformée
en un conflit plus général impliquant la plupart des grandes puissances.

Paix de Westphalie

Série de traités de paix signés entre mai et octobre 1648 dans les villes westphaliennes d’Osnabrück et de Münster. Ces traités mettent fin à la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans le Saint-Empire romain germanique, et à la guerre de Quatre-vingts Ans (1568-1648) entre l’Espagne et la République néerlandaise, l’Espagne reconnaissant officiellement l’indépendance de la République néerlandaise.

Ligue du Rhin

Union défensive de plus de cinquante princes allemands et de leurs villes le long du Rhin, formée en août 1658 par Louis XIV de France et négociée par le cardinal Mazarin (alors premier ministre de facto de la France), Hugues de Lionne et Johann Philipp von Schönborn (électeur de Mayence et chancelier de l’Empire).

La Fronde

Série de guerres civiles en France entre 1648 et 1653, survenant au milieu de la guerre franco-espagnole, qui avait commencé en 1635. Le roi se heurte à l’opposition combinée des princes, de la noblesse, des tribunaux (parlements) et de la plupart des Français, mais finit par l’emporter. Elle fut divisée en deux campagnes, celle des parlements et celle des nobles.

Le cardinal Jules Mazarin était un cardinal, un diplomate et un homme politique italien qui fut le principal ministre du roi de France de 1642 à sa mort en 1661. Après avoir servi dans l’armée et le service diplomatique pontificaux et à la cour de France, il entre au service de la France et se rend précieux pour le ministre en chef du roi Louis XIII, le cardinal Richelieu, qui le fait entrer au conseil d’État. À la mort de Richelieu, Mazarin lui succède comme premier ministre de France. À la mort du roi Louis XIII en 1643, son successeur, Louis XIV, n’avait que cinq ans, et sa mère, Anne d’Autriche, régna à sa place jusqu’à sa majorité. Mazarin aida Anne à étendre le pouvoir limité que son mari lui avait laissé. Il fonctionne essentiellement comme le codirigeant de la France aux côtés de la reine pendant la régence d’Anne, et jusqu’à sa mort, Mazarin dirige effectivement la politique française aux côtés du monarque.

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Le cardinal Mazarin par Pierre Mignard, 1658-1660. Mazarin a succédé à son mentor, le cardinal Richelieu. Grand collectionneur d’art et de bijoux, notamment de diamants, il lègue à Louis XIV en 1661 les « diamants Mazarin », dont certains sont conservés dans la collection du musée du Louvre à Paris. Sa bibliothèque personnelle est à l’origine de la Bibliothèque Mazarine à Paris.

Politiques

Mazarin poursuit la politique anti-Habsbourg de Richelieu et pose les bases de la politique expansionniste de Louis XIV. Lors des négociations de la paix de Westphalie, qui conclut la guerre de Trente Ans, Mazarin (ainsi que la reine) représente la France avec des politiques plus françaises que catholiques. Les termes des traités de paix garantissaient l’indépendance des Pays-Bas vis-à-vis de l’Espagne, accordaient une certaine autonomie aux différents princes allemands du Saint Empire romain germanique et accordaient à la Suède des sièges à la Diète impériale et des territoires pour contrôler les embouchures de l’Oder, de l’Elbe et de la Weser. La France, cependant, est celle qui profite le plus de l’accord. L’Autriche, dirigée par l’empereur des Habsbourg Ferdinand III, cède à la France toutes les terres et prétentions des Habsbourg en Alsace et reconnaît sa souveraineté de facto sur les trois évêchés de Metz, Verdun et Toul. En outre, désireux de s’émanciper de la domination des Habsbourg, les petits États allemands recherchent la protection de la France. Cela anticipa la formation de la Ligue du Rhin de 1658, conduisant à une nouvelle diminution du pouvoir impérial.

La Ligue était destinée à faire échec à la Maison d’Autriche en Allemagne centrale. En 1659, Mazarin fit la paix avec l’Espagne des Habsbourg dans la Paix des Pyrénées, qui ajouta au territoire français le Roussillon et le nord de la Cerdagne – comme la Cerdagne française – dans l’extrême sud, ainsi qu’une partie des Pays-Bas.

A l’égard du protestantisme chez lui, Mazarin poursuivit une politique de promesses et de délais calculés pour désamorcer les insurrections armées et maintenir les huguenots désarmés. Pendant six ans, ils se sont crus à la veille de récupérer les protections de l’édit de Nantes, mais ils n’ont finalement rien obtenu. Mazarin fut aussi plus systématiquement un ennemi du jansénisme, plus pour ses implications politiques que par théologie.

La Fronde

Alors que la Couronne devait se remettre de ses dépenses dans les dernières guerres, l’augmentation des impôts contribua à l’agitation sociale déjà croissante. La Fronde a commencé en janvier 1648, lorsque la foule parisienne a utilisé des frondes d’enfants (frondes) pour lancer des pierres sur les fenêtres des associés de Mazarin. L’insurrection n’avait pas d’objectifs révolutionnaires au départ, mais visait à protéger les anciennes libertés des empiètements royaux et à défendre les droits établis des parlements – des cours d’appel plutôt que des organes législatifs comme les parlements anglais. Le mouvement a rapidement dégénéré en factions, dont certaines ont tenté de renverser Mazarin et d’inverser les politiques de son prédécesseur, le cardinal de Richelieu, qui avait pris le pouvoir pour la Couronne aux grands nobles territoriaux, dont certains sont devenus des chefs de la Fronde.

En mai 1648, une taxe prélevée sur les officiers de justice du Parlement de Paris provoque non seulement un refus de paiement mais aussi une condamnation des édits financiers antérieurs et une demande d’acceptation d’un schéma de réformes constitutionnelles élaboré par un comité uni du parlement (la Chambre Saint-Louis), composé de membres de toutes les cours souveraines de Paris. Le bilan militaire de ce qui allait être connu comme la Première Fronde (la Fronde Parlementaire) est presque vierge. En août 1648, Mazarin fait soudainement arrêter les chefs du Parlement, ce qui provoque l’insurrection de Paris qui se barricade dans les rues. La faction royale, n’ayant pas d’armée à sa disposition immédiate, doit libérer les prisonniers et promettre des réformes, et dans la nuit du 22 octobre, elle s’enfuit de Paris. Cependant, la signature de la paix de Westphalie par la France permet à l’armée française de revenir des frontières et d’assiéger Paris. Les deux belligérants signèrent la paix de Rueil (1649) après que peu de sang ait été versé.

La paix dura jusqu’à la fin de 1649. En janvier 1650, une rébellion armée (le début de ce qui sera connu sous le nom de seconde Fronde ou Fronde des nobles) fait suite à l’arrestation de plusieurs nobles par Mazarin. En avril 1651, après une série de batailles, la rébellion s’effondre partout. Quelques mois de paix creuse suivent et la cour retourne à Paris. Mazarin, objet de la haine de tous les princes, s’était déjà retiré en exil. Son absence laissa le champ libre aux jalousies réciproques, et pendant le reste de l’année l’anarchie régna en France.

En décembre 1651, Mazarin revint en France avec une petite armée. La guerre recommence, mais cette fois-ci, certains chefs de la rébellion sont opposés les uns aux autres. Après cette campagne, la guerre civile cessa, mais dans les plusieurs autres campagnes de la guerre franco-espagnole qui suivirent, deux grands soldats menant la Fronde furent opposés l’un à l’autre : Henri, vicomte de Turenne, comme défenseur de la France et de
Louis II, et le prince de Condé comme envahisseur espagnol. En 1652, un gouvernement insurrectionnel apparaît à Paris. Mazarin, sentant que l’opinion publique est solidement ancrée contre lui, quitte à nouveau la France. Bien qu’en exil, il ne reste pas inactif et conclut un accord avec Turenne. Les forces de Turenne poursuivent celles de Condé, qui s’enfuit en 1653 dans les Pays-Bas espagnols. Louis XIV, désormais en âge de revendiquer son trône, rentre à Paris en octobre 1652 et rappelle Mazarin en février 1653. Les derniers vestiges de résistance à Bordeaux s’éteignent à la fin de l’été 1653.

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« Louis XIV écrase la Fronde » par Gilles Guérin, 1654. La Fronde a représenté la dernière tentative de la noblesse française de combattre le roi, et elle a été humiliée. La Fronde a facilité l’émergence de la monarchie absolue.

Légitimité

Après la fin de la guerre de Trente Ans, Mazarin, en tant que dirigeant de fait de la France, a joué un rôle crucial en établissant les principes westphaliens qui allaient guider la politique étrangère des États européens et l’ordre mondial dominant. Certains de ces principes, comme la souveraineté de l’État-nation sur son territoire et ses affaires intérieures et l’égalité juridique entre les États, restent aujourd’hui encore la base du droit international.
Le peuple français a terriblement souffert pendant la Fronde, mais les guerres n’ont permis aucune réforme constitutionnelle. Les libertés attaquées étaient féodales, et non individuelles, et la Fronde a finalement constitué une incitation à l’établissement de l’absolutisme royaliste, puisque les troubles ont fini par discréditer le concept féodal de liberté. L’absolutisme royal fut réinstallé sans aucune limitation effective. A la mort de Mazarin en 1661, Louis XIV prend personnellement les rênes du gouvernement et étonne sa cour en déclarant qu’il gouvernera sans ministre principal.

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