Le faux récit

Un faux récit est un récit dans lequel un schéma narratif complet est perçu dans une situation donnée, mais ce n’est pas un récit réel à l’œuvre dans la situation. La perception d’un faux récit peut être due à des informations insuffisantes ou inexactes ou à une évaluation insuffisante ou inexacte. La création d’un faux récit peut être due à des schémas narratifs naturels, à un cadrage contextuel transitoire, à une présentation par inadvertance ou à une tromperie intentionnelle.

Perception de faux récits

Information insuffisante:

Comme un iceberg, de nombreux éléments de tout récit du monde réel donné sont souvent cachés à la vue, sous la surface ou dans un coin. Parce que les récits sont de nature fractale, une partie d’un récit plus large peut sembler être complète en soi, un peu comme un coin coupé d’un hologramme présentera toujours une image complète, mais pas sous tous les angles disponibles dans l’ensemble. Ainsi, alors que le schéma d’un récit peut être présent, il peut ne pas être conduit par sa propre dynamique interne, mais par celle d’un récit plus large dont il fait partie.

Information inexacte :

Les récits n’existent pas dans un vide. Au contraire, un nombre infini de récits se déplacent continuellement dans le même espace narratif, parfois en charnière, parfois en collision, parfois en se tirant mutuellement d’affaire par leur influence contextuelle, parfois en se croisant sans effet.

Lorsqu’il y a un certain effet contextuel, tous les récits impliqués dans cette connexion sont déformés par la présence des autres, ce qui conduit à un phénomène de type lentille dans lequel certains éléments sont accentués ou déphasés, ou dans les cas les plus graves peuvent être complètement cachés ou ne pas exister réellement du tout car ils ne sont que des images virtuelles sans substance, établies uniquement par l’influence collective des éléments des autres récits environnants.

Évaluation insuffisante :

En psychologie sociale, le terme d’erreur d’attribution fondamentale décrit un biais cognitif dans lequel un individu interprète les actions d’une autre personne comme étant principalement motivées par l’intention tout en minimisant ou en négligeant les conditions externes ou environnementales qui ont pu influencer ses actions.

Évaluation inexacte :

Le biais opposé est l’erreur de l’acteur-observateur dans laquelle un individu surestime l’impact des facteurs externes sur ses propres actions. Ces deux variétés du désir humain de trouver un sens illustrent le fait que le sens n’est pas tant trouvé qu’imposé. En fait, l’un ou l’autre de ces biais génère un faux récit.

Création de faux récits

Modèles narratifs naturels:

L’esprit humain cherche un sens à son environnement en imposant des modèles à sa perception jusqu’à ce qu’il trouve un modèle qui, aux fins souhaitées, correspond suffisamment à l’observation. Un sous-produit de cet attribut est que nous voyons des animaux dans les nuages, des dieux dans les constellations, des images dans les taches d’encre et des récits dans des éléments aléatoires. Par conséquent, nous créons continuellement de faux récits qui semblent être soutenus par les situations qui nous entourent, ne les rejetant que lorsque le cours des événements diverge de la prédiction narrative.

Cadrage contextuel transitoire:

Aucun récit n’est éternel. Tant qu’il se maintient comme une confluence de structure et de dynamique pilotée de l’intérieur, il peut être perçu comme un système fermé, constant dans sa fonction. En d’autres termes, un vrai récit maintient son identité grâce à des mécanismes internes. À l’inverse, une fausse narration peut sembler régie par des mécanismes internes alors qu’en fait, elle est maintenue par des forces extérieures à la narration apparente, comme une marionnette sur une corde. Un tel récit apparent ne fournit ni une description précise de la nature des éléments qu’il contient, ni ne prédit avec exactitude le cours qu’ils prendront réellement.

Présentation involontaire :

Tout élément narratif, par lui-même, peut avoir un nombre infini de significations. Ce n’est que lorsqu’il est pris en conjonction avec d’autres éléments que l’éventail des significations possibles pour cet élément devient contraint. Finalement, des interconnexions suffisantes entre les éléments peuvent être établies pour limiter les significations potentielles au singulier.

Si, toutefois, l’élément initial est mal interprété dans sa signification, alors chaque élément suivant peut être coulé dans une autre mauvaise interprétation par l’observateur dans la tentative de le faire correspondre à l’interprétation initiale. Les personnes qui ne fournissent pas suffisamment d’éclaircissements continus peuvent, par inadvertance, présenter un faux récit. Les personnes qui n’ont pas l’intention de présenter un récit peuvent par inadvertance présenter des informations qui peuvent être prises comme tel.

Déception intentionnelle :

Les faux récits peuvent être créés avec l’intention de tromper en limitant le nombre d’éléments narratifs fournis afin que l’observateur complète lui-même la majeure partie du récit, s’appropriant ainsi le récit en le personnalisant. Cela peut se faire en limitant l’étendue des informations disponibles et/ou le temps dont on dispose pour les examiner. De cette manière, l’auteur établit un espace narratif contraint dans lequel le contenu et le contexte sont contrôlables pour obtenir l’effet désiré.

En conclusion

En fin de compte, aucun récit n’est jamais complètement vrai ou complètement faux, sauf dans les contraintes d’un laps de temps et d’un champ d’application spécifiés. Comme le philosophe David Hume a défini la vérité, tant qu’elle fonctionne, c’est la vérité, quand elle ne fonctionne pas, ce n’est plus la vérité. La philosophie orientale soutient que le Tao que l’on peut exprimer n’est pas le Tao éternel, ce qui signifie qu’aucune vérité ne pourra jamais être définie de manière si complète qu’elle devienne la Vérité universelle. Le zen professe que l’on ne peut pas mettre deux fois le pied dans la même rivière, et l’argot américain proclame « c’était avant, c’est maintenant. »

En définitive, plutôt que de se concentrer uniquement sur la vérité, la prise de conscience de la valeur et de la fonction des faux récits ouvre de nouvelles perspectives par lesquelles on peut se libérer d’un point de vue singulier afin que toute considération puisse être plus souple en sachant que si un récit peut sembler définitif, il peut y en avoir d’autres qui, même s’ils sont en contradiction apparente complète les uns avec les autres, peuvent tous, en fait, être également et simultanément à la fois vrais et faux.

Ces observations et techniques pour travailler avec les faux récits sont tirées de notre logiciel de structuration narrative Dramatica. Cliquez ici pour l’essayer sans risque pendant 90 jours.

Melanie Anne Phillips ~ Co-créatrice, Dramatica

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