La fin de l’Union soviétique

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Sujet de la dissertation : Lewis Siegelbaum

Le coup d’État d’août 1991, destiné à stopper l’affaiblissement de l’URSS centralisée, a ironiquement accéléré la dissolution de l’Union. Les déclarations d’indépendance des républiques constitutives, l’abolition de toutes les institutions de l’Union et le transfert de leurs actifs aux républiques, ainsi que l’acceptation internationale croissante de ces développements ont sapé le peu de force qu’il y avait dans l’Union. Alors que Gorbatchev tentait désespérément de trouver une formule pour arrêter le processus centrifuge, ses anciens alliés politiques, lisant les signes, l’abandonnaient les uns après les autres. Et pourtant, la décision de remplacer l’Union soviétique par une Communauté d’États indépendants n’avait rien d’inéluctable. Cette décision, adoptée par les dirigeants de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie, semble avoir été prise à la hâte, sinon par caprice.

Le 23 août 1991, Boris Eltsine, en tant que président de la RSFSR, décrète la suspension du Parti communiste russe au motif qu’il a apporté son soutien à la tentative de coup d’État et qu’il a autrement violé les lois soviétiques et russes. Gorbatchev, qui, à son retour à Moscou après le coup d’État, avait tenté d’absoudre le parti de toute responsabilité et annoncé son intention de poursuivre ses efforts pour réformer le parti, n’a eu d’autre choix que de démissionner de son poste de secrétaire général de l’ensemble du parti (de l’Union), ce qu’il a fait deux jours plus tard. Cherchant à contrer la poursuite de l’érosion de l’autorité centrale, Gorbatchev persuade une majorité du Congrès des députés du peuple, début septembre, de dissoudre cet organe en faveur d’un Conseil d’État qui serait composé des dirigeants de la république et de Gorbatchev et agirait à titre temporaire jusqu’à ce qu’une nouvelle législature bicamérale puisse être élue. À part l’approbation de l’indépendance des trois républiques baltes, le Conseil d’État n’accomplit rien et est largement ignoré par les gouvernements des républiques. Eltsine, gonflé de nouveaux pouvoirs accordés par le parlement russe, accélère pendant ce temps le transfert des institutions centrales à l’autorité russe.

Décembre s’avère être le mois au cours duquel les coups fatals à l’Union soviétique sont portés. Le 1er décembre, les électeurs ukrainiens approuvent massivement un référendum sur l’indépendance et, par une marge plus faible, élisent Leonid Kravchuk, un ancien patron du Parti communiste devenu nationaliste, comme premier président. Une semaine plus tard, dans un pavillon de chasse à Belovezhskaia Pushcha, non loin de Minsk, la capitale de la Biélorussie, Eltsine, Kravchuk et le dirigeant biélorusse, Stanislav Shushkevich, signent une déclaration mettant fin à l’Union soviétique et la remplaçant par la Communauté des États indépendants. Gorbatchev, qui n’avait pas été consulté ou informé au préalable, réagit publiquement en déclarant sa « stupéfaction » et en exhortant les parlements des républiques à discuter du projet de traité sur l’Union des États souverains sur lequel il avait travaillé sans relâche au cours des mois précédents. Le 21 décembre, les présidents de toutes les autres républiques, à l’exception de la Géorgie (déjà plongée dans la guerre civile) et des trois États baltes, ont déclaré leur volonté d’entrer dans la Communauté. Enfin, le 25 décembre, Gorbatchev annonce qu’il accepte la dissolution de l’Union soviétique et qu’il démissionne de son poste de président.

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