Grève des animateurs de Disney

Dans les années 1930, une montée des syndicats a eu lieu à Hollywood en réponse à la Grande Dépression et aux mauvais traitements subséquents des employés par les studios. Parmi ces syndicats, la Screen Cartoonist’s Guild (SCG), qui s’est formée en 1938 après la première grève dans un studio d’animation, aux studios Fleischer. En 1941, le président de la SCG, Herbert Sorrell, avait obtenu des contrats avec tous les grands studios de dessins animés, sauf Disney et Leon Schlesinger Productions. Schlesinger a cédé aux demandes de la SCG de signer un contrat après que ses propres employés se soient mis en grève, mais lors de la signature aurait demandé :  » Et Disney ? « 

Les animateurs de Disney avaient les meilleurs salaires et conditions de travail de l’industrie, mais étaient mécontents. À l’origine, 20 % des bénéfices des courts métrages d’animation étaient consacrés aux primes des employés, mais Disney a fini par suspendre cette pratique. Le film d’animation de 1937, Blanche-Neige et les Sept Nains, est un succès financier, ce qui permet à Disney de construire un nouveau studio plus grand à Burbank, en Californie. Au studio de Burbank, un système hiérarchique rigide est mis en place, où les avantages des employés, tels que l’accès au restaurant, au gymnase et au hammam, sont limités aux scénaristes et animateurs en chef du studio, qui reçoivent également des bureaux plus grands et plus confortables. Les départements individuels étaient séparés dans des bâtiments et fortement surveillés par des administrateurs.

Les échecs au box-office de Pinocchio et Fantasia en 1940 ont forcé Disney à faire des licenciements, bien que Disney se soit rarement impliqué dans le processus d’embauche et de licenciement de ceux qui n’étaient pas au sommet de la chaîne salariale. La structure salariale du studio est très désorganisée, certains animateurs de haut rang gagnant jusqu’à 300 $ par semaine, tandis que d’autres employés ne gagnent que 12 $. De nombreux animateurs, dont Art Babbitt, sont mécontents et rejoignent la SCG. Babbitt est l’un des animateurs les mieux payés de Disney, bien qu’il ait de la sympathie pour les employés de rang inférieur et qu’il n’aime pas ouvertement Disney. Disney ne voyait aucun problème avec cette structure, estimant que c’était son studio à gérer et que ses employés devaient lui être reconnaissants de lui avoir fourni le nouvel espace de studio.

Sorrell, ainsi que Babbitt et Bill Littlejohn, ont approché Disney et exigé qu’il syndique son studio, mais Disney a refusé. En février 1941, Disney réunit les 1 200 employés dans son auditorium pour un discours :

Au cours des 20 années que j’ai passées dans cette entreprise, j’ai traversé de nombreuses tempêtes. C’est loin d’avoir été une navigation facile. Cela a demandé beaucoup de travail, de lutte, de détermination, de compétence, de foi et surtout de désintéressement. Certaines personnes pensent que nous avons une distinction de classe dans cet endroit. Ils se demandent pourquoi certaines personnes ont de meilleures places au théâtre que d’autres. Ils se demandent pourquoi certains hommes ont des places dans le parking et d’autres pas. J’ai toujours pensé, et je penserai toujours, que les hommes qui contribuent le plus à l’organisation devraient, par simple respect, bénéficier de certains privilèges. Ma première recommandation à vous tous est la suivante : mettez de l’ordre dans votre propre maison, vous ne pouvez rien accomplir en restant assis et en attendant qu’on vous dise tout. Si vous ne progressez pas comme vous le devriez, au lieu de râler et de grogner, faites quelque chose.

L’assemblée a été mal accueillie, et d’autres employés ont rejoint le SCG. Les tensions entre Disney et Babbitt ont atteint un sommet lorsque Disney a commencé à considérer que Babbitt l’avait personnellement trahi en devenant un leader syndical. Disney a licencié Babbitt ainsi que 16 autres employés membres du SCG. Le lendemain, le 29 mai, plus de 200 membres du personnel du studio se mettent en grève, pendant la production du film Dumbo (1941). Les animateurs d’autres studios, comme ceux de Schlesinger, offrent leur soutien pendant la grève. Disney a riposté en représentant certains des employés en grève de manière caricaturale dans Dumbo comme des clowns de cirque antagonistes, et à une occasion, il a même attaqué un Babbitt qui faisait du piquetage.

La grève a été résolue lorsque le National Labor Relations Board a demandé à Disney de signer un contrat syndical et il a accepté. Disney revenait d’une tournée de bonne volonté en Amérique latine pour produire des films d’animation dans le cadre de la politique de bon voisinage, permettant aux tensions de s’apaiser en son absence. Saludos Amigos est sorti l’année suivante en 1942, tandis que Les Trois Caballeros est sorti en 1944.