Enterococcus casseliflavus et Enterococcus gallinarum comme agents responsables de péritonite bactérienne spontanée | Annals of Hepatology
Introduction
L’infection par des bactéries multirésistantes se pose comme un problème pertinent chez les sujets hospitalisés et présente un intérêt particulier chez les patients atteints de cirrhose étant donné l’utilisation fréquente d’antibiotiques à large spectre et leur réponse immunitaire altérée. Nous avons récemment aidé deux patients dont la culture du liquide ascitique était positive pour les entérocoques résistants à la vancomycine (génotype VanC) Enterococcus casseliflavus et Enterococcus gallinarum. Bien que des hémocultures positives pour ces entérocoques aient été rapportées chez des personnes cirrhotiques,1 il s’agit du premier rapport de cas de péritonite bactérienne spontanée (PBS) causée par Enterococcus casseliflavus et du sixième cas de PBS causée par Enterococcus gallinarum.2-5
Rapport de cas
Un homme de 56 ans atteint de cirrhose alcoolique Child-Pugh C, MELD 17, a été admis dans le service de gastroentérologie pour malnutrition. Il avait été soumis à une résection d’un carcinome hépatocelulaire dix mois auparavant et présentait un dysfonctionnement du shunt portosystémique transjugulaire. Il avait reçu de la vancomycine et du méropénème à l’hôpital en raison d’hémocultures positives pour Staphylococcus epidermidis et Serratia marcescens, respectivement. Le cinquantième jour de son admission, il a présenté à la fois un liquide ascitique et des hémocultures positives pour Enterococcus casseliflavus. Les résultats de laboratoire suivants ont été obtenus :
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Hémoglobine 10,3 g/dL.
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Leucocytes 1 8150/mm3.
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Neutrophiles 15 826/mm3.
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Compte des plaquettes 172 000/mm3.
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Birubine totale 0.7 mg/dL.
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Créatinine 1,8 mg/dL, et rapport international normalisé 1,51.
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Albumine 2.6 g/L.
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Sodium 131 mEq/L.
Sur le liquide ascitique, l’albumine était de 1,8 g/L, les neutrophiles de 3 571/mm3. Comme le méropénem avait été introduit empiriquement avant les résultats de la culture et que la numération cellulaire totale du liquide ascitique à 48 heures était de 46 cellules/mm3, l’antibiotique a été maintenu et le patient a subi une transplantation hépatique peu après. Son rétablissement après la transplantation hépatique a été sans incident et il est maintenant suivi en ambulatoire.
Une femme de 63 ans atteinte d’une cirrhose liée à une stéatohépatite non alcoolique, Child-Pugh C, MELD 15, a été admise dans le service de gastroentérologie pour des douleurs abdominales et une aggravation de l’ascite. A l’admission, elle a présenté une culture positive du liquide ascitique pour Enterococcus gallinarum. Les résultats de laboratoire suivants ont été obtenus :
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Hémoglobine 12,7 g/dL.
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Leucocytes 9 810/mm3.
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Neutrophiles 7 269/mm3.
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Compte des plaquettes 132 000/mm3.
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Birubine totale 3.1 mg/dL.
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Créatinine 0,9 mg/dL
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Rapport normalisé international 1,52.
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Albumine 1.9 g/L.
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Sodium 132 mEq/L.
Sur le liquide ascitique, l’albumine était de 0,3 g/L, les neutrophiles de 2 610/mm3. Le patient a reçu de la gentamicine et de l’ampiciline pendant 7 jours et a été libéré pour un suivi ambulatoire.
Discussion
Les souches E. gallinarum et E. casseliflavus ont un gène chromosomique vanC spécifique qui entraîne une faible résistance à la vancomycine,4 et leur signification clinique n’est pas encore totalement établie.6 Elles sont rarement récupérées à partir d’échantillons cliniques, mais peuvent causer de graves infections invasives.4E. gallinarum et E. casseliflavus sont des composants de la flore intestinale normale de la population générale, ce qui empêche l’identification des facteurs de risque pour leur transmission.4,7 Néanmoins, l’utilisation d’antibiotiques tels que les céphalosporines de troisième génération, les quinolones, les pénicillines, les carbapénèmes, les aminoglycosides et la vancomycine peut jouer un rôle dans l’augmentation de la colonisation par ces organismes.4,7 Dans l’unité de soins intensifs, la colonisation par E. gallinarum et E. casseliflavus a été signalée chez jusqu’à 23 % des patients, et elle est associée à l’utilisation antérieure de carbapénèmes et à la présence d’une néphropathie.8 Les patients présentent souvent des maladies sous-jacentes graves, et manifestent une maladie invasive sévère avec des taux de mortalité variables, allant de 13 à 40 %.2,6 Comme les ERV VanC ne sont généralement pas transmis entre patients, les précautions contre les contacts ne sont pas systématiquement recommandées.2 Une étude évaluant la sensibilité aux antimicrobiens in vitro des entérocoques a montré que E. gallinarum et E. casseliflavus étaient tous deux sensibles à la péniciline, à l’ampiciline, à l’imipénème et à la téicoplamine.9 Les entérocoques isolés dans nos deux cas présentaient une sensibilité in vitro à l’ampiciline et à la gentamicine (avec des CMI élevées). Les autres cas précédemment rapportés de SBP et de bactériascites par E. gallinarum ont été traités avec de l’amoxiciline3 et de l’ampiciline,2 respectivement.
En conclusion, E. gallinarum et E. casseliflavus sont des agents peu communs mais importants impliqués dans les SBP et les bactériascites. Les cliniciens doivent être avertis de la possibilité que la vancomycine ne soit pas efficace contre E. gallinarum et E. casseliflavus et le choix des antibiotiques doit être basé sur les résultats de l’antibiogramme.
Déclaration de divulgation
Les auteurs n’ont aucun conflit d’intérêt à déclarer.
Conflit d’intérêt
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt.
Soutien financier
Aucun soutien financier.
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