Enfuvirtide : un inhibiteur de fusion pour le traitement de l’infection par le VIH
Contexte : La résistance aux médicaments reste un défi majeur dans le traitement de l’infection par le VIH-1. Pratiquement tous les médicaments antirétroviraux actuellement disponibles inhibent la transcriptase inverse ou la protéase virale. L’enfuvirtide est le premier inhibiteur de fusion approuvé par la Food and Drug Administration américaine pour être utilisé en association avec d’autres agents antirétroviraux pour le traitement de l’infection par le VIH-1 chez les patients ayant déjà reçu un traitement.
Objectif : Cet article décrit les propriétés pharmacologiques et l’utilité clinique de l’enfuvirtide.
Méthodes : Les informations pertinentes ont été identifiées par des recherches sur MEDLINE (1990 à octobre 2003), International Pharmaceutical Abstracts (1970 à octobre 2003) et les résumés de réunion des principales conférences sur le VIH/sida (1996-2003) en utilisant les termes de recherche enfuvirtide, pentafuside, T-20, DP-178 et inhibiteur de fusion.
Résultats : In vitro, l’enfuvirtide présente une activité contre les isolats du VIH-1 qui sont résistants à toutes les autres classes de médicaments antirétroviraux. L’enfuvirtide bloque l’entrée du VIH-1 dans les cellules hôtes en interférant avec la fusion virus-cellule, ce qui le rend unique parmi les médicaments antirétroviraux autorisés. Chez l’adulte humain, l’enfuvirtide a un volume de distribution de 5,48 L, est fortement lié aux protéines plasmatiques (92 %), a une demi-vie d’élimination plasmatique de 3,8 heures et est catabolisé par des peptidases et des protéinases dans divers tissus. Un ajustement de la dose ne semble pas nécessaire en fonction de l’âge, de la race ou du poids corporel, mais peut être justifié chez les femmes pesant <50 kg. Une revue de la littérature n’a pas permis d’identifier de données sur le devenir de l’enfuvirtide chez les patients atteints d’insuffisance hépatique ou rénale. Les essais cliniques suggèrent que l’enfuvirtide réduit les taux plasmatiques d’ARN du VIH-1 chez les patients très expérimentés en matière de traitement et suivant un régime antirétroviral optimisé. Les essais pivots ont indiqué une variation moyenne de l’ARN du VIH-1 de -1,48 log(10) copies/ml dans le groupe enfuvirtide à la semaine 48, contre -0,63 log(10) copies/ml dans le groupe témoin (P<0,001). L’augmentation absolue moyenne du nombre de cellules CD4 était de 46 cellules/mm(3) (91 cellules/mm(3)) dans le groupe enfuvirtide contre 45 cellules/mm(3) dans le groupe témoin (P<0,001). Les effets indésirables (EI) les plus fréquemment signalés (>15 cas pour 100 années-patients d’exposition) dans les essais cliniques comprenaient les réactions au site d’injection, la diarrhée, les nausées, la fatigue, l’insomnie, la neuropathie périphérique, les céphalées, les vomissements et la fièvre. Les anomalies de laboratoire les plus fréquemment signalées (> ou =2 %) (grade III ou IV) étaient l’éosinophilie, l’anémie et l’augmentation des taux d’amylase, de lipase, de triglycérides, de créatine phosphokinase, d’alanine aminotransférase, d’aspartate aminotransférase et de gamma-glutamyltransférase. Dans les essais cliniques, des EI graves conduisant à l’arrêt de l’étude sont survenus chez 12,9 % (114/885) des patients du groupe enfuvirtide, contre 10,7 % (12/112) dans le groupe témoin (P = NS). La posologie recommandée de l’enfuvirtide est de 90 mg SC BID chez les adultes et de 2 mg/kg SC BID chez les enfants. Les études d’efficacité chez les enfants sont en cours.
Conclusion : Bien que des études supplémentaires soient nécessaires, l’enfuvirtide semble être un agent prometteur, en association avec d’autres agents antirétroviraux, pour le traitement de l’infection par le VIH chez les patients ayant déjà reçu un traitement.
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